Économie

vendredi, 14 février 2014 05:24

La sentence est tombée : Notre Tourisme se meurt … (Rapport de la Cour des Comptes février 2014)

La Cour des comptes a rendu public son rapport annuel 2014. Avec des recettes fiscales trop optimistes et des économies insuffisantes, elle estime que de vraies incertitudes pèsent sur le budget 2014. Elle désigne des invraisemblances et abus dans les politiques publiques. En ce qui concerne  les Outre-mer elle met l’accent sur la « mollesse » d’une action touristique peu audacieuse et budgétivore.

En effet, la Cour des Comptes invite les collectivités à une politique beaucoup plus dynamique et volontaire  face à la concurrence. Les destinations voisines se distinguent par des fréquentations touristiques en augmentation constante ces dernières années, en concordance avec le dynamisme du tourisme international qui a crû de 4 % en 2012.Alors que nos destinations sont en net repli.

Malgré l’enjeu économique significatif  les pouvoirs ne parviennent pas à booster le secteur. Les courbes sont en  baisse constante depuis 2002. La Guadeloupe, la Martinique la Guyane et à Réunion sont en recul malgré des efforts et des investissements lourds. On pourrait alors se demander si nous avons des élus capables de lancer un véritable plan de sauvetage en faveur de la filière ?

En effet, le tourisme représente 7 % du produit intérieur brut (PIB) de la Guadeloupe (2012), 9 % de celui de la Martinique (2011) et 7,7 % (2011) de celui de la Polynésie française. À La Réunion, il contribue plus modérément à l’activité économique (2,6 % du PIB en 2012).
Les recettes du secteur sont estimées à 418,6 M€ pour la Guadeloupe et à 309 M€ pour la Martinique en 2011. À La Réunion, ces recettes (314,7 M€) représentent la première source d’exportation de l’île. En Polynésie française, le chiffre d’affaires du tourisme représente un peu moins de 13 % du total des activités marchandes en 2012, soit plus du double du total des exportations de biens. Le tourisme a contribué à l’emploi en 2012 pour 16 % du total des emplois en Polynésie française, 9 % des effectifs salariés à la Guadeloupe, et, à La Réunion, l’INSEE l’évalue à 3,2 % de l’emploi total en 2011 avec 6 750 salariés, tandis que l’observatoire régional du tourisme en comptabilise 8 500.

Le rapport de la Cour des comptes en vient même à lancer un appel de détresse qu’elle qualifie de « sursaut indispensable » pour sauver la filière. Il faut donc croire que la situation est préoccupante. Les élus devront  faire preuve d’audace et d’imagination pour relancer le secteur en déliquescence depuis les crises sanitaires et sociales qui ont frappé les Antilles françaises en 2009. Ces mouvements sociaux, ont conduit à l’annulation de près de 10 000 séjours. À La Réunion, l’épidémie de chikungunya en 2006 a entraîné une baisse de 32 % de la fréquentation touristique et un recul historique de 40 % de la fréquentation des hôtels. Près de la moitié de la capacité hôtelière de l’île et 500 emplois ont été alors perdus. Depuis 2011, la destination réunionnaise se trouve confrontée à la « crise requin » à la suite d’une recrudescence des attaques.
Faut-il attendre que l'échiquier politique dans les territoires d’Outre-mer se renouvelle pour que les nouveaux élus formés et compétents interviennent pour relancer le tourisme qui agonise sous nos yeux impuissants…

 

La Cour et les chambres régionales et territoriales des comptes a donc formulé les recommandations suivantes :
 
Pour les collectivités :
1. élaborer un plan stratégique, actualisé, fondé sur une observation du secteur, fixant des orientations priorisées à moyen terme ;
2. demander aux comités du tourisme de réaliser un plan d’actions opérationnelles dans le cadre d’un schéma de développement du tourisme et des loisirs ;
3. exercer une coordination effective des interventions des différents acteurs publics et privés, tout particulièrement dans le champ relatif aux aménagements touristiques et aux activités de nature ;
4. développer une politique de formation et de sensibilisation des professionnels et de la population afin de mieux répondre aux attentes de la clientèle internationale ;
5. simplifier et stabiliser les dispositifs régionaux d’aides aux investissements hôteliers et les inscrire dans le cadre d’un guichet unique ;
6. renforcer la coordination sur les disponibilités foncières et élaborer une stratégie sur les friches existantes ;
7. définir durablement des thématiques et des pays cibles prioritaires et évaluer les résultats obtenus.
Pour l’État :
8. supprimer les défiscalisations « Girardin » en faveur des investissements productifs et les remplacer par d’autres modes d’intervention, moins coûteux pour le budget de l’État et plus efficaces.



*Sources Rapport annuel de la Cour des Comptes 2014
http://www.ccomptes.fr/Publications/Publications/Rapport-public-annuel-2014

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